Ce rapport qui a nécessité deux années de recherche devrait tirer la sonnette l’alarme chez tous les Néo‑Brunswickois. Le but n’est pas de jeter le blâme sur quiconque. On n’a pas de temps à perdre. Les aînés les plus vulnérables sont à risque. Le SIINB est prêt à travailler avec tous ceux qui s’intéressent véritablement au mieux‑être des aînés et veulent aider à reconstruire le système qui s’occupe d’eux.
Nous espérons qu’après avoir lu le rapport de manière objective, avoir consulté notre microsite et avoir regardé les témoignages sur vidéo de défenseurs des aînés et d’universitaires connus au Nouveau‑Brunswick, vous participerez à cet effort.
Au nom des quelque 500 II syndiqués qui travaillent dans les foyers de soins au Nouveau‑Brunswick et des milliers d’aînés vulnérables dont ils prennent soin, je vous remercie de l’attention que vous accorderez à ce rapport.
Paula Doucet, II, Présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau Brunswick
Copie de sondage
Depuis 2013, les employés des foyers de soins du Nouveau-Brunswick ont plus que doublé le nombre de plaintes pour violence acceptées (22,5 %), tout comme les employés des prisons (9 %)
[Source : TravailSécuritaireNB]
31 foyers de soins du Nouveau-Brunswick n’ont pas atteint les ratios minimums requis en matière de personnel de sécurité en 2019
88 % des infirmières immatriculées interrogées déclarent que les effectifs de leur foyer sont insuffisants
Au cours des dernières années, certains foyers de soins du Nouveau-Brunswick ont passé jusqu’à 43 jours sans qu’une infirmière ou infirmier immatriculé ne soit de service, sans que le ministère du Développement social ne rédige de rapport
Depuis 2013, les employés des foyers de soins du Nouveau-Brunswick (6500) ont eu le même nombre de réclamations acceptées par TravailSécuritaireNB pour des blessures liées à la violence que les employés des hôpitaux du Nouveau-Brunswick (20 000)
[Source: TravailSécuritaireNB]
Entre 2017 et 2019, plus de 70 avis de non-conformité ont été donnés aux foyers de soins du Nouveau-Brunswick pour des violations de la sécurité du personnel
En 2017, les foyers de soins du Nouveau-Brunswick ont connu un roulement de 27 % de leurs effectifs d’II
Au cours des dernières années, certains foyers de soins du Nouveau-Brunswick ont passé jusqu’à 43 jours sans qu’une infirmière ou infirmier immatriculé ne soit de service, sans que le ministère du Développement social ne rédige de rapport
Une forte majorité des II (63 %) mentionne que les soins d’hygiène sont offerts aux résidents parfois (32 %) ou souvent (22 %) ou ne sont jamais offerts (9 %)
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COMMENTAIRE : Pourquoi une enquête sur le secteur des soins de longue durée est nécessaire au Nouveau Brunswick
Le gouvernement du Nouveau‑Brunswick ne peut plus agir seul pour tracer la voie à suivre pour le secteur des foyers de soins de la province et les quelque 5 000 aînés dont il s’occupe. La surveillance des foyers de soins du Nouveau‑Brunswick exercée par le gouvernement n’est pas une solution – elle constitue, de bien des façons, le problème. Cette semaine, le Syndicat des infirmiers et infirmiers du Nouveau‑Brunswick (SIINB) a rendu public son rapport intitulé La génération oubliée : Appel urgent à entamer une réforme du secteur des soins de longue durée au Nouveau‑Brunswick. Les conclusions du rapport devraient préoccuper tous les Néo‑Brunswickois. Nous manquons à nos obligations envers les aînés les plus vulnérables.
Le rapport n’est pas le premier à traiter des aînés et des soins en établissement dans la province – il y en a eu 16 depuis 2004. Que le Nouveau‑Brunswick en soit arrivé là, malgré tous les documents produits, est une des nombreuses constatations déplorables de notre rapport. Nous ne pouvons pas attribuer à ce système défaillant la tâche de se réformer lui‑même. Une enquête sur le secteur des soins de longue durée de la province, en vertu de la Loi sur les enquêtes, est nécessaire. On n’a plus le temps d’attendre.
Plus de 500 infirmières et infirmiers immatriculés (II) syndiqués qui dispensent des soins aux résidents des foyers de soins ont, avec courage, tiré la sonnette d’alarme, ce qui devrait nous pousser tous à agir. Les II indiquent que 63 % du temps, les résidents de leurs foyers ne reçoivent pas régulièrement des soins d’hygiène; que 57 % du temps, les résidents n’ont pas régulièrement un bain; que 89 % du temps, les résidents des foyers de soins n’ont pas l’aide adéquate pour faire de l’exercice, ce qui peut entraîner une faiblesse musculaire, des plaies de décubitus et la détérioration rapide de la santé d’un résident. Comme le disait une II dans le rapport : « nous négligeons nos ainés ».
Ça ne s’arrête pas là. Les soins des pieds, les aiguillages vers un soutien médical, les mises à jour des dossiers et la communication avec les familles n’ont pas lieu de manière constante, en raison d’un système qui s’est affaibli au fil des ans à un point où il ressemble à peine à un système de soins de santé.
En 2019, près de la moitié des foyers de soins au Nouveau‑Brunswick ne respectaient pas leurs ratios obligatoires en dotation sécuritaire. Les inspections relatives à l’infrastructure des foyers de soins et à la sécurité incendie révèlent aussi des niveaux de non‑conformité élevés et inquiétants. Avec quelles conséquences? Malheureusement, ces problèmes ne sont que la pointe de l’iceberg. Nous ne pouvons plus supposer que le ministère du Développement social saisit ou même connaît les nombreux risques auxquels sont exposés les aînés les plus vulnérables dans les foyers de soins du Nouveau‑Brunswick. Le ministère du Développement social, comme l’indique clairement notre rapport, n’est plus à la hauteur de la tâche.
Les informations que révèle notre rapport concernant la surveillance exercée par le ministère du Développement social sont dévastatrices. Dans son analyse, le SIINB a constaté de graves incohérences dans les rapports d’incident majeur, les inspections de sécurité et des infrastructures, et la délivrance d’avis de non‑conformité. En lisant le rapport, le Dr Mario Levesque de l’Université Mount Allison a déclaré que le secteur « s’apparentait à une autoréglementation ».
Les années pendant lesquelles le budget et les effectifs ont été réduits ont laissé leurs marques – exacerbés par des appels constants des foyers de soins eux‑mêmes pour que soient assouplis davantage les règlements. Les normes de sécurité sont moins rigoureuses, les niveaux de dotation diminuent, tout comme la surveillance. La seule chose qui ne cesse d’augmenter, ce sont les niveaux de maladie que les II voient chez les résidents. Nos parents et grands‑parents, la génération oubliée.
Le rapport contient aussi des entrevues avec six anciens et anciennes ministres du Développement social qui tracent un portrait sombre. Plusieurs appuient maintenant le transfert de la responsabilité des foyers de soins au ministère de la Santé. Tous pensent qu’il existe un urgent besoin d’une réforme. Personne n’avait un plan à cet effet. C’est pourquoi une enquête provinciale est si nécessaire. Nos dirigeants ne savent plus trop quoi faire, disposant de peu de données fiables pour les aider. Le gouvernement est en panne d’idées. L’enquête demandée doit pouvoir convoquer des personnes, exiger la production de rapports et de dossiers, et interroger des témoins sous serment, alors seulement pourrons‑nous être certain que le gouvernement sait ce qui se passe dans les foyers de soins de la province et ce qui doit être fait pour rétablir la confiance. Il faut cesser de prendre des décisions de manière frénétique et désespérée.
En raison de ce sentiment de désespoir, nos dirigeants ont confié les soins des aînés les plus vulnérables au secteur privé, avec des résultats préoccupants et prévisibles. En raison du manque de données, de transparence et de responsabilisation, il est quasi impossible pour les Néo‑Brunswickois de connaître les niveaux de soins dispensés par les foyers de soins privés avec l’argent des contribuables, mais les rapports d’autres provinces l’expriment clairement. Le défenseur des aînés de la Colombie‑Britannique a récemment découvert que des foyers de soins privés en Colombie‑Britannique avaient mis en danger des aînés en n’offrant pas des centaines de milliers d’heures de soins subventionnées. Le SIINB a demandé au défenseur des aînés du Nouveau‑Brunswick d’effectuer une enquête semblable, mais c’est nettement insuffisant.
Au cours des prochains jours, des gens mentionneront les 16 rapports préparés depuis 2004 et demanderont pourquoi une enquête est nécessaire. Des politiciens de tous les partis montreront du doigt Ottawa et exigeront davantage du gouvernement fédéral. Je demande à tous les Néo‑Brunswickois de ne pas laisser nos dirigeants se défiler, influencer l’opinion ou refiler la responsabilité. Il n’y a pas de temps pour ce genre de jeu. Les aînés du Nouveau‑Brunswick sont à risque.
Des centaines d’infirmières et infirmiers immatriculés ont décidé d’exprimer la vérité au nom des milliers de résidents aînés qui ne peuvent le faire eux‑mêmes. Il appartient maintenant à nous tous de faire ce qui s’impose.
Le Syndicat des infirmières et infirmiers du Nouveau Brunswick (SIINB) est une organisation syndicale d’environ 6 900 infirmières et infirmiers immatriculés, et infirmières et infirmiers praticiens qui travaillent dans divers établissements de soins de santé au Nouveau Brunswick. Ensemble, nous sommes une voix forte et unie.

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